Imaginons des lieux sombres où s'empilent des cages remplies de chiens, surtout des femelles. Ces bêtes, qui ne voient jamais la lumière du jour et nâont aucun contact affectueux avec un humain, nâexistent que pour se reproduire et se voient éliminées dès quâelles ne sont plus productives. Quant à leurs bébés, ils sont écoulés dans certaines animaleries ou sur certains sites de vente par lâentremise dâintermédiaires, dans lâunique but dâenrichir leurs propriétaires. Bienvenue dans le monde des usines à chiots.
Notre journaliste Louise Dugas sâest intéressée à la souffrance psychologique des chiens issus de ces usines. Elle a épluché des dizaines de sites et d'articles de journaux afin de recueillir des statistiques sur ce commerce au Canada. Elle a aussi interviewé Ewa Demianowicz, responsable de campagne à la Humane Society International/Canada, et Camille Labchuk, avocate et directrice exécutive d'Animal Justice, à Toronto.
Il y a dix ans, sur un territoire comme le Québec uniquement, 400 000 pauvres bêtes naissaient chaque année dans de telles conditions. Des chiffres qui ont été maintes fois repris dans les médias et les organismes de défense des animaux sans quâon sache véritablement leur bien-fondé.
à présent, aucun organisme voué au bien-être animal nâose avancer de statistiques, le propre des usines à chiots étant dâÅuvrer dans lâombre (un sous-sol, un hangar, un bâtiment de ferme), à lâabri des regards. On découvre de tels élevages parce quâun individu a dévoilé leur existence ou alors de façon fortuite, comme nous le rappelle Louise, évoquant lâincendie dâune maison de rang à Sainte-Clotilde-de-Horton, dans la région de Québec, où une quarantaine de chiens ont trouvé la mort en janvier dernier. Non, il ne sâagissait pas dâanimaux de compagnie!
Bien des experts sâentendent pour dire que le Canada, avec ses vastes espaces peu habités, est propice aux élevages clandestins.
Louise Dugas rappelle quâau pays, plusieurs élus font des pieds et des mains pour légiférer et régulariser les usines à chiots. Câest le cas présentement en Colombie-Britannique et au Manitoba. Au Québec, des animaux continuent de souffrir malgré lâadoption en 2015 dâune loi interdisant de causer de la détresse à un animal et exigeant que tout propriétaire de plus de 15 chats, chiens ou chevaux détienne un permis dâélevage octroyé par le Ministère de lâAgriculture, des Pêcheries et de lâAlimentation. On assiste bien à quelques saisies par année, mais ces initiatives sont insuffisantes pour enrayer la souffrance des animaux.
Pour en savoir plus sur la détresse que causent les usines aux animaux, lisez le reportage de Louise Dugas, en ligne dès demain.