Un caniche en résidence

10 mai 2020

Parise a fait certifier son chien comme animal thérapeutique. Ensemble, ils offrent à des personnes âgées un moment de légèreté à faire fondre les cœurs.


Pecan, qu’on appelle aussi Monsieur Pecan, est un caniche miniature doux et aimant. Sa maître, Parise, a fait une douzaine d’années de bénévolat pour un service d’adoption canine. Elle aimait venir en aide aux chiens abandonnés. « Derrière chacune de ces bêtes laissées à elles-mêmes se cache une histoire de souffrance », nous confie-t-elle.

Les histoires qui la peinaient le plus concernaient les personnes âgées. « Il suffit de s’imaginer le déchirement que doivent ressentir les personnes vieillissantes qui, parce qu’elles deviennent dépendantes, sont hospitalisées ou placées en résidence, doivent se séparer de leur animal de compagnie », explique-t-elle.

Voulant faire un geste significatif, Parise est entrée en contact avec Barbara Paul, fondatrice de Pattes humanitaires thérapeutiques pour l’Ouest de l’Île, à Montréal, pour que Monsieur Pecan devienne thérapeute certifié. Obtenir ce titre n’est pas une mince affaire. Au cours de la première rencontre d’évaluation, le chien a dû, entre autres épreuves, rester assis sur les genoux de son humaine en compagnie d’autres chiens pendant plus de 30 minutes, un défi que Monsieur Pecan a relevé haut la main. Neuf mois plus tard, après une première visite supervisée en résidence, le duo était prêt à voler de ses propres ailes. On a assigné à Parise deux centres pour aînés. Elle en visite un par semaine, en alternance, depuis maintenant six mois.

Quelque chose lui disait que cette activité serait parfaite pour Monsieur Pecan. « C’est un coquet!, lance-t-elle en riant. Il adore se faire voir. Il suffit que je lui dise “viens te faire beau!” pour qu’il arrive en courant. » Il se laisse brosser, et nettoyer les dents et les yeux. Pour les visites aux résidences, il porte des accessoires comme un nœud papillon, une petite cravate ou une veste. Pour la Saint-Patrick, Parise lui a déniché une boucle verte et des trèfles à quatre feuilles pour décorer ses grandes oreilles duveteuses. Pecan est aussi très délicat. Pour qu’il entre en contact avec un résident, Parise place une couverture sur les genoux de la personne. Pecan comprend le message et se couche en boule. Elle le prend et le pose sur l’aîné.

Les réactions des gens lui vont droit au cœur. Elle le voit bien : Pecan et elle font du bien. Pendant ce contact avec le chien, le moment est propice à la discussion. Parise s’intéresse aux résidents, leur pose des questions ou les écoute, tout simplement.

Les rencontres sont riches en émotion, et certaines sont difficiles. L’un des centres offre des soins aux personnes souffrant d’Alzheimer, une clientèle qui nécessite prudence et délicatesse. Si elle côtoie une certaine détresse humaine, Parise est aussi témoin de sourires, de mains tendues, de moments de silence complice avec les résidents qui ont parfois du mal à s’exprimer. Grâce à Monsieur Pecan, elle a le cœur et l’âme remplis des histoires de ceux et celles qu’ils visitent chaque semaine. Et elle ne voudrait surtout plus s’en passer.

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