Peut-on enterrer son animal dans sa cour?

13 août 2019

Quand vous songez aux derniers jours de votre animal, vous l’imaginez dormir au pied de son arbre préféré? Ça peut s’arranger… ou pas — tout dépend d’où vous demeurez au pays.


Ma chienne aura bientôt 12 ans. Un jour, c’est inévitable, elle partira, laissant dans ma vie un trou béant. Jusqu’à tout récemment, je me consolais en me disant que j’allais enterrer Dina dans mon jardin, la déposer dans une jolie boite avec son collier et sa doudou, au pied du magnolia.


Dina, fidèle compagne de l’auteure, sous un pommier dans la cour.


Malheureusement, j’ai appris qu’au Québec, où j’habite, il est illégal d’enterrer son animal sur son terrain. Question d’environnement et de santé publique. Selon le Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, les cadavres d’animaux de compagnie et leurs cendres constituent un contaminant susceptible d’altérer la qualité du sol, de l’eau et de l’air . Même si on les adore alors qu’ils sont vivants, leurs cadavres de même que leurs cendres sont des matières résiduelles, et leur élimination est donc régie. En résumé, le cadavre de Dina risque d’attirer la vermine ou de contaminer la faune ou une source d’eau potable.


Chez mes voisins


Dans les autres provinces canadiennes, les lois en la matière sont un peu moins strictes, surtout en dehors des grandes villes. En Colombie-Britannique, par exemple, Vancouver et Victoria interdisent d’enterrer son compagnon dans sa cour, mais certaines villes en zone rurale le permettent.


Au Nouveau-Brunswick et en Ontario, on ne s’y oppose pas, y compris à Fredericton et à Toronto. Idéalement, le trou doit être très profond (deux à quatre pieds), situé loin d’une source d’eau, et le corps de l’animal ne doit pas être enveloppé dans un plastique afin de ne pas nuire à sa décomposition.


Certaines provinces, comme la Saskatchewan, permettent que les cendres soient dispersées sur son terrain, mais certaines villes, notamment Ottawa, l’interdisent. Il faut donc se renseigner auprès de sa municipalité, car la réglementation varie selon les territoires.


Entre fantasme et réalité


Bien sûr, si j’enterrais Dina dans mon jardin, la nuit, personne ne le saurait. Mais une de mes copines m’a ramenée sur terre : ce geste n’était pas aussi romantique qu’on le croit. « Pense que tu devras transporter son corps tout raide dans tes bras, que si c’est l’hiver et que le sol est gelé, tu devras conserver sa dépouille au congélateur. Et puis songe que, peut-être, tu n’habiteras pas toujours là... »


J’explore donc d’autres avenues, la plus populaire étant la crémation. Je pourrais ainsi mettre les cendres de Dina dans un bijou ou un reliquaire, ou encore les conserver dans une urne à la maison, les déposer dans un columbarium ou les enfouir au cimetière (avec l’option d’être inhumée un jour à ses côtés). Je pourrais choisir l’aquamation, une technique qui consiste à dissoudre le corps dans l’eau. Paraît que c’est mieux pour l’environnement.


Je pourrais aussi mettre sa dépouille dans un cercueil et l’enterrer comme au temps de mes grands-parents. Des cimetières d’animaux voient d’ailleurs le jour un peu partout. Ou encore rendre hommage à Dina dans un cimetière virtuel. Encore plus original, je pourrais faire transformer ses cendres en arbre en me procurant une urne biodégradable ; je pourrais choisir une bouture qui serait glissée parmi les cendres, puis je planterais l’urne, et regarderais mon bel arbre pousser au fil des ans.


Heureusement, pour le moment, et j’espère pour encore longtemps, ma Dina est bien vivante. Et j’en profite. En attendant, je viens d’acheter le charmant carnet Mon animal de compagnie, de Lisette et Lucie St-Pierre, qui me permettra d’exprimer ma peine par l’entremise de textes et de collages, le temps venu. Au-delà de la manière dont on dispose du corps, je sais surtout qu’on guérit plus facilement d’un deuil s’il est accompagné d’un rituel, peu importe lequel.


Photo : Louise Dugas


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