Ma chienne aura bientôt 12 ans. Un jour, câest inévitable, elle partira, laissant dans ma vie un trou béant. Jusquâà tout récemment, je me consolais en me disant que jâallais enterrer Dina dans mon jardin, la déposer dans une jolie boite avec son collier et sa doudou, au pied du magnolia.
Dina, fidèle compagne de lâauteure, sous un pommier dans la cour.
Malheureusement, jâai appris quâau Québec, où jâhabite, il est illégal dâenterrer son animal sur son terrain. Question dâenvironnement et de santé publique. Selon le Ministère de lâEnvironnement et de la Lutte contre les changements climatiques, les cadavres dâanimaux de compagnie et leurs cendres constituent un contaminant susceptible dâaltérer la qualité du sol, de lâeau et de lâair . Même si on les adore alors quâils sont vivants, leurs cadavres de même que leurs cendres sont des matières résiduelles, et leur élimination est donc régie. En résumé, le cadavre de Dina risque dâattirer la vermine ou de contaminer la faune ou une source dâeau potable.
Chez mes voisins
Dans les autres provinces canadiennes, les lois en la matière sont un peu moins strictes, surtout en dehors des grandes villes. En Colombie-Britannique, par exemple, Vancouver et Victoria interdisent dâenterrer son compagnon dans sa cour, mais certaines villes en zone rurale le permettent.
Au Nouveau-Brunswick et en Ontario, on ne sây oppose pas, y compris à Fredericton et à Toronto. Idéalement, le trou doit être très profond (deux à quatre pieds), situé loin dâune source dâeau, et le corps de lâanimal ne doit pas être enveloppé dans un plastique afin de ne pas nuire à sa décomposition.
Certaines provinces, comme la Saskatchewan, permettent que les cendres soient dispersées sur son terrain, mais certaines villes, notamment Ottawa, lâinterdisent. Il faut donc se renseigner auprès de sa municipalité, car la réglementation varie selon les territoires.
Entre fantasme et réalité
Bien sûr, si jâenterrais Dina dans mon jardin, la nuit, personne ne le saurait. Mais une de mes copines mâa ramenée sur terre : ce geste nâétait pas aussi romantique quâon le croit. « Pense que tu devras transporter son corps tout raide dans tes bras, que si câest lâhiver et que le sol est gelé, tu devras conserver sa dépouille au congélateur. Et puis songe que, peut-être, tu nâhabiteras pas toujours là ... »
Jâexplore donc dâautres avenues, la plus populaire étant la crémation. Je pourrais ainsi mettre les cendres de Dina dans un bijou ou un reliquaire, ou encore les conserver dans une urne à la maison, les déposer dans un columbarium ou les enfouir au cimetière (avec lâoption dâêtre inhumée un jour à ses côtés). Je pourrais choisir lâaquamation, une technique qui consiste à dissoudre le corps dans lâeau. Paraît que câest mieux pour lâenvironnement.
Je pourrais aussi mettre sa dépouille dans un cercueil et lâenterrer comme au temps de mes grands-parents. Des cimetières dâanimaux voient dâailleurs le jour un peu partout. Ou encore rendre hommage à Dina dans un cimetière virtuel. Encore plus original, je pourrais faire transformer ses cendres en arbre en me procurant une urne biodégradable ; je pourrais choisir une bouture qui serait glissée parmi les cendres, puis je planterais lâurne, et regarderais mon bel arbre pousser au fil des ans.
Heureusement, pour le moment, et jâespère pour encore longtemps, ma Dina est bien vivante. Et jâen profite. En attendant, je viens dâacheter le charmant carnet Mon animal de compagnie, de Lisette et Lucie St-Pierre, qui me permettra dâexprimer ma peine par lâentremise de textes et de collages, le temps venu. Au-delà de la manière dont on dispose du corps, je sais surtout quâon guérit plus facilement dâun deuil sâil est accompagné dâun rituel, peu importe lequel.
Photo : Louise Dugas