Les personnes itinérantes accompagnées dâun chien tirent de cette relation des bénéfices dont on ne soupçonne pas toute la force ni lâampleur. Caroline Leblanc en sait quelque chose, elle qui a vécu en situation dâitinérance pendant une quinzaine dâannées. Draft sâest éteinte à lââge de 18 ans.
Environ 10 % des gens qui vivent dans la rue ont un animal de compagnie. Câest à cette réalité que lâétudiante en service social à lâUniversité de Sherbrooke sâest intéressée. « Jâavais envie de vérifier si jâétais la seule pour qui cette présence avait eu tant de bienfaits et pour qui le lien avait été aussi puissant », confie-t-elle.
Au terme de son enquête notamment réalisée auprès de personnes issues de la rue, et dâautres sâen étant sorties, elle a pu constater quâelle était loin dâêtre la seule à sâêtre épanouie grâce à cette complicité.
Les chiens: de précieux alliés
Caroline Leblanc souligne que lâinfluence dâun chien chez une personne sans domicile sâétend à plusieurs aspects de son développement et contribue à son bien-être psychologique, physique, affectif et social. « Ce sont des êtres fragilisés et isolés. Lâamour inconditionnel et lâabsence de jugement dâun animal génèrent donc une confiance en eux quâils nâauraient pas pu voir naître autrement. Leur chien, câest souvent leur seule source de valorisation, de stabilité et de sécurité », soutient-elle.
Le fait dâavoir la responsabilité dâun être vivant amène aussi parfois à changer certains comportements. Par exemple, il a été démontré que les propriétaires dâun animal sont portés à modifier, à diminuer, voire à complètement arrêter leur consommation de drogue ou dâalcool afin de demeurer aptes à répondre aux besoins de leur compagnon.
La présence dâun chien contribuera même dans certains cas à la réhabilitation sociale des individus : « Câest souvent quand un animal commence à être vieux ou malade et quâil a de la difficulté à vivre dans les conditions extérieures que son maître trouve la motivation pour sortir de la rue en vue de lui offrir une meilleure qualité de vie. »
Besoin de ressources qui acceptent les chiens
Malgré les innombrables avantages liés à la présence dâun animal dans un contexte dâitinérance, il y a encore très peu dâendroits qui accueillent les personnes itinérantes en compagnie dâun chien, déplore Caroline Leblanc. « Les portes de plusieurs ressources médicales et psychosociales ou dâhébergement demeurent fermées à de tels duos. Désirant à tout prix demeurer auprès de leur chien, ces gens se retrouvent dans une impasse, incapables dâentamer un processus pour se sortir de la rue. »
Ce sont dâailleurs ces obstacles qui donnent lâélan à Caroline Leblanc pour poursuivre ses recherches. Elle entame un doctorat par lequel elle réfléchira aux facteurs qui risquent, justement, de restreindre lâaccès à certains services qui permettent de rétablir une situation de vie.
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