Personnes itinérantes et chiens: des liens bénéfiques

12 août 2019

Avant de déposer son mémoire de maîtrise, Caroline Leblanc a vécu en situation d’itinérance. À ses côtés vivait Draft, sa chienne bien-aimée.


Les personnes itinérantes accompagnées d’un chien tirent de cette relation des bénéfices dont on ne soupçonne pas toute la force ni l’ampleur. Caroline Leblanc en sait quelque chose, elle qui a vécu en situation d’itinérance pendant une quinzaine d’années. Draft s’est éteinte à l’âge de 18 ans.


Environ 10 % des gens qui vivent dans la rue ont un animal de compagnie. C’est à cette réalité que l’étudiante en service social à l’Université de Sherbrooke s’est intéressée. « J’avais envie de vérifier si j’étais la seule pour qui cette présence avait eu tant de bienfaits et pour qui le lien avait été aussi puissant », confie-t-elle.


Au terme de son enquête notamment réalisée auprès de personnes issues de la rue, et d’autres s’en étant sorties, elle a pu constater qu’elle était loin d’être la seule à s’être épanouie grâce à cette complicité.


Les chiens: de précieux alliés
Caroline Leblanc souligne que l’influence d’un chien chez une personne sans domicile s’étend à plusieurs aspects de son développement et contribue à son bien-être psychologique, physique, affectif et social. « Ce sont des êtres fragilisés et isolés. L’amour inconditionnel et l’absence de jugement d’un animal génèrent donc une confiance en eux qu’ils n’auraient pas pu voir naître autrement. Leur chien, c’est souvent leur seule source de valorisation, de stabilité et de sécurité », soutient-elle.


Le fait d’avoir la responsabilité d’un être vivant amène aussi parfois à changer certains comportements. Par exemple, il a été démontré que les propriétaires d’un animal sont portés à modifier, à diminuer, voire à complètement arrêter leur consommation de drogue ou d’alcool afin de demeurer aptes à répondre aux besoins de leur compagnon.


La présence d’un chien contribuera même dans certains cas à la réhabilitation sociale des individus : « C’est souvent quand un animal commence à être vieux ou malade et qu’il a de la difficulté à vivre dans les conditions extérieures que son maître trouve la motivation pour sortir de la rue en vue de lui offrir une meilleure qualité de vie. »


Besoin de ressources qui acceptent les chiens
Malgré les innombrables avantages liés à la présence d’un animal dans un contexte d’itinérance, il y a encore très peu d’endroits qui accueillent les personnes itinérantes en compagnie d’un chien, déplore Caroline Leblanc. « Les portes de plusieurs ressources médicales et psychosociales ou d’hébergement demeurent fermées à de tels duos. Désirant à tout prix demeurer auprès de leur chien, ces gens se retrouvent dans une impasse, incapables d’entamer un processus pour se sortir de la rue. »


Ce sont d’ailleurs ces obstacles qui donnent l’élan à Caroline Leblanc pour poursuivre ses recherches. Elle entame un doctorat par lequel elle réfléchira aux facteurs qui risquent, justement, de restreindre l’accès à certains services qui permettent de rétablir une situation de vie.


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