Michèle et Simone

3 mai 2019

Michèle n'aurait jamais imaginé qu'elle jouerait un jour le rôle de proche aidante pour sa chienne. Elle a pourtant décidé de l'accompagner jusqu'au bout.


C'était une petite lévrier italienne blanche, au milieu d'une portée de chiots gris.Déjà, cette chienne sortait du lot. Michèle allait l'appeler Simone. « J'ai toujours eu un faible pour les exclus », lance la Montréalaise de 41 ans. Au cours des 12 années qui ont suivi, la chienne allait être témoin de trois ruptures, de déménagements, de changements professionnels et de sa rencontre avec Nicolas, qui a eu un coup de foudre « pour moi et pour Simone ».


La chienne avait presque neuf ans lorsque Michèle a remarqué qu'elle boitait. Le diagnostic est tombé : tumeur de la gaine nerveuse. Il a alors fallu l'amputer d'une patte. Deux semaines plus tard, Simone grimpait le mont Royal. La perte d'un membre n'avait en rien affecté sa vitalité. « Elle était encore plus cute ! Lorsque je la prenais, il y avait un contact direct, sans l'obstacle de sa patte. J'aimais dire que nous étions cœur à cœur, comme imbriquées l'une dans l'autre. »


Mais, comme c'est souvent le cas avec ce type de cancer, il est revenu deux ans plus tard, menaçant de s'attaquer à ses autres pattes. Michèle a alors choisi de ne pas la faire euthanasier. « Je voulais l'accompagner jusqu'au bout, tant que je verrais de la lumière dans ses yeux. » Pendant l'année suivante, la jeune femme a vécu de véritables montagnes russes, nageant entre l'espoir et le désespoir. « Malgré tout, je croyais que la chimiothérapie pouvait réellement enrayer le cancer. Même en fin de vie, alors qu'elle n'avait plus beaucoup de force, Simone faisait sourire les enfants, les personnes âgées, les sans-abri... Elle était un trait d'union entre moi et les autres. »


Par une belle journée ensoleillée, alors qu'elle promenait Simone, Michèle a cru que son rêve était exaucé. « J'avais l'habitude de la soutenir par son harnais parce qu'elle ne pouvait plus se tenir sur ses pattes arrière. Tout à coup, elle s'est mise à marcher. Je pleurais de joie », raconte-t-elle. La chimio s'est toutefois avérée un cadeau empoisonné. La chienne passait ses journées à dormir, perdant complètement l'appétit et souffrant d'anémie. Michèle, pourtant une végétalienne convaincue, s'est mise à lui cuisiner de la viande pour s'assurer qu'elle mange. « Toute ma vie tournait autour de Simone. »


Et puis, un 4 juillet, en pleine canicule, Simone a exceptionnellement mangé son repas. Elle se tenait sur ses trois pattes. Mais quand Michèle a voulu la sortir, elle s'est soudainement affaissée, ne contrôlant plus les mouvements de sa tête. Il a suffi d'un regard pour que sa maîtresse sache que c'était l'heure des adieux.


Michèle n'a pas honte de le dire : « C'est le plus grand deuil de ma vie. » Heureusement, elle a pu compter sur Nicolas pour traverser cette épreuve. Avec le recul, elle se rend compte qu'elle a beaucoup appris de cette expérience, qui a fait d'elle une meilleure personne. Reste que sa chienne lui manque terriblement. « Simone avait une telle joie de vivre. Sans elle, j'ai peur d'avoir perdu la faculté de m'émerveiller. » Heureusement, il y a ces clins d'œil qui rappellent à Michèle le côté lumineux de la vie, comme lorsqu'elle dansait le flamenco, récemment, et qu'elle a aperçu un poil blanc sur sa jupe noire.


Photo 1: Michèle en compagnie de son conjoint Nicolas et de leur ami Alexis, au parc Lafontaine. Ensemble, ils forment le groupe de musique Meave, dont Simone était devenue la mascotte.
Crédit photo: Christine Grosjean.


Photo 2 et 3: Michèle et Simone savourant chaque seconde du temps passé ensemble.
Crédit photos: Collection personnelle.

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