Les pompiers au secours de nos animaux

17 avril 2023

Ce sont des héros et pour cause : en plus de sauver des vies humaines, ils préservent aussi celles de nos compagnons.


Le 26 janvier 2019, un incendie dévore un immeuble de six logements à Verdun. Il fait un froid sibérien. C’est la cinquième alerte cette nuit-là. Nancy Cloutier, pompière depuis 25 ans, arrive sur les lieux et voit un collègue sortir de l’enfer avec, dans les bras, un chat noir et blanc.


La bête aux yeux hagards est trempée et couverte de suie. Nancy n’hésite pas une seconde. « J’ai pris l’animal dans mes bras. Il tremblait. Je l’ai transporté dans le camion, l’ai enveloppé dans une couverture et lui ai donné l’oxygène. » Le gentil félin s’en sort inespérément.



La vie avant tout

Lors d’un autre sinistre, cette fois dans le quartier latin, Nancy pénètre dans un appartement en flammes. Elle repère un chien de genre shih tzu sur le sol. « La fumée était si épaisse que je voyais à peine devant moi », se souvient-elle. Le chien respire tant bien que mal. Nancy ramasse le petit corps et se fraye un chemin jusqu’à l’extérieur. Dehors, un premier répondant prend le chien et lui donne de l’oxygène.


Le soir même, Nancy retourne sur les lieux et demande aux voisins à qui appartient l’animal s’il va bien. Elle rencontre sa maîtresse. « Vous avez sauvé la seule chose qu’il me reste », dit la dame âgée à la pompière. « Cette phrase-là, pour moi, ç’a été ma paye », conclut la combattante du feu.



En dix ans, Mathieu Larouche-Fortin a aussi rescapé sa part de chats, de chiens, de souris, de lapins, de perruches... Un jour, il est même tombé face à face avec un serpent! « Notre priorité, c’est la vie, atteste le pompier qui travaille à Notre-Dame-de-Grâce. Les gens qui ont tout perdu, leurs biens, leur maison, nous faisons tout pour sauver leurs compagnons. »


Aux bêtes arrachées aux griffes des brasiers, il y a aussi celles que les pompiers sauvent des inondations, comme à Sainte-Marthe-sur-le-Lac le printemps dernier. Celles qu’ils soustraient de la noyade en plein hiver, en rampant sur la glace. Celles qu’ils extirpent des tuyaux, des égouts ou des écluses avec des cordes et des poulies. Parmi ces victimes, des chiens et des chats, mais aussi des canards, des orignaux et des chevreuils.


« À cause des détecteurs de fumée et des activités de prévention, c’est rendu qu’on sauve plus d’animaux que d’humains aujourd’hui », affirme Mathieu Larouche-Fortin.



Des masques qui sauvent des vies

« Il y a trois millions de chats et de chiens au Québec, souligne le Dr Michel Pépin, et environ 45 % des foyers possèdent au moins un animal. C’est dire qu’à chaque sinistre, il y a une chance sur deux qu’une bête soit dans la maison. »


En 2006, ce vétérinaire de Laval a lancé le programme Réanimo2 qui incite les vétérinaires et le public à faire don de masques à oxygène pour animaux à leurs casernes de pompiers. Aujourd’hui, 130 municipalités québécoises sont équipées de masques adaptés aux différentes formes de museaux. À Montréal, c’est le syndicat des pompiers lui-même qui a acheté l’équipement l’an dernier.


« Ça représentait 10 000 $, mais ça n’a pas été difficile de convaincre nos membres, précise François Rochette, directeur syndical à l’Association des pompiers de la ville de Montréal. « Nos gens sont déjà tellement impliqués auprès des citoyens. Ces masques-là, c’est une chance de plus qu’on donne à leurs animaux. Personnellement, quand je sors un chat ou un chien d’un incendie, et que je vois le visage de l’enfant à qui il appartient, ça vaut tout l’or du monde. »



Les chats ont neuf vies… et des poussières

Les plus difficiles à trouver durant un sinistre, ce sont les félins, semble-t-il. « Les chiens sont habitués de suivre leur maître. Ils savent où est la porte, explique le Dr Pépin. Les chats, eux, se cachent parce qu’ils ont peur. On a beau les appeler, ils restent là. »


Heureusement, « ils connaissent leur maison et ont l’instinct de se réfugier là où il y a le moins de fumée, précise Mathieu Larouche-Fortin. Ils vont dans un trou, en dessous d’un lit, à l’intérieur d’un sommier... Et comme ils sont bas sur pattes et que la fumée flotte au-dessus, ils arrivent à survivre. Parfois, le feu est éteint et ils sortent de leur cachette. Ils sont vraiment tough », conclut Mathieu en souriant.


Ils sont forts… et héroïques à leur façon. C’est le cas du chat noir et blanc évoqué plus haut. « Le pompier qui l’a sauvé l’avait vu passer pendant qu’il combattait le feu dans une pièce, raconte Nancy Cloutier. Il est parti à sa recherche, et deux secondes plus tard, le plafond de la pièce où l’homme se trouvait s’est effondré. Quatre pompiers sont passés à travers la trouée. Si le chat n’avait pas attiré le pompier ailleurs, ce dernier serait sans doute mort écrasé. »


Minet a peut-être donné une de ses vies à son sauveur…



À faire immédiatement

Mettre un autocollant dans une fenêtre, sur la boîte aux lettres ou sur la porte, indiquant le nombre d’animaux dans la maison. Et s’assurer que l’information est toujours à jour.


Photo de couverture : Sylvain Ryan

Photo 1 : Association des pompiers de Montréal

Photo 2 : Maxime Carrière, photographe incendie

Photo 3 : James Gagnon

Photo 4 : Sylvain Ryan

Photo 5 : ZOOKIshop via Etsy

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