Les chiens d'itinérants sont-ils malheureux ?

25 avril 2019

Dans les grandes villes, de plus en plus d'itinérants sont accompagnés de leur animal. Qu'en est-il de leur bien-être ?


La scène se répète dans les grandes villes nord-américaines. On les croise par grands froids, entassés sur un même bout de carton, partageant la même couverture. Un humain et un chien, tous deux sans abri. On sait que l'itinérance est un drame pour l'humain, mais qu'en est-il du chien ? Les chiens d'itinérants sont-ils malnutris ou négligés ? Devraient-ils être pris en pitié ?


Pas vraiment, si on en croit les recherches menées par la docteure Michelle Lem, médecin vétérinaire ontarienne et fondatrice de Community Veterinary Outreach, un organisme dont le mandat est d'améliorer la santé et le bien-être des personnes et des animaux domestiques socialement marginalisés.


En 2016, la Dre Lem et ses collègues ont effectué une étude auprès de 189 jeunes ontariens en situation d'itinérance à Ottawa, Toronto, Kingston et Hamilton, dont 89 avaient des animaux de compagnie. Les chercheurs ont découvert que le simple fait d'avoir un animal de compagnie agissait comme facteur de protection contre la dépression. Les jeunes accompagnés d'animaux étaient trois fois moins à risque de souffrir de dépression que ceux du même âge sans animaux. Dre Lem explique ce résultat par le sentiment de solitude, moins présent chez les jeunes ayant des animaux, et le sens de la responsabilité envers de leur animal, ainsi que par la forte relation d'attachement humain-animal.


Selon les recherches de la Dre Lem, la vaste majorité des animaux dans la rue reçoivent des soins adéquats et de la nourriture en quantité suffisante. Dans certains cas, leur état de santé dépasserait même celui des animaux qui vivent auprès de personnes non itinérantes. Les jeunes de la rue priorisent souvent les besoins de leurs animaux de compagnie plutôt que leurs propres intérêts.


Les animaux jouent eux aussi un rôle protecteur auprès des jeunes de la rue qu'ils accompagnent. Les chiens servent de « facilitateurs sociaux » aux jeunes itinérants, augmentant leurs interactions sociales et les rendant moins invisibles aux yeux des passants. Être accompagné d'un animal de compagnie améliore le bien-être général des itinérants. Leur consommation de drogue et d'alcool s'en trouve diminuée, ainsi que le nombre d'arrestations dont ils sont l'objet.


Contrairement à nos impressions, les animaux accompagnant leur maître dans la rue se portent généralement très bien. Les maîtres se portent à leur tour mieux grâce à la compagnie de leur animal. Ces constats permettront sans doute de briser les préjugés !

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