Le courage des Galgos

16 juin 2019

Notre collaboratrice a sauvé deux lévriers espagnols d'un destin incertain. S'ils montrent une affection pour le confort, ces deux galgos reviennent de loin.


Retour dans le temps. Nous sommes à Valladolid en Espagne, en septembre 2016. Nicolas, un lévrier espagnol, est sauvé d'une fourrière à haut taux d'euthanasie pour être amené au refuge Scooby. Émacié, faible et couvert de lésions, ce chien qui peine à se tenir debout cherche pourtant l'affection de ses sauveurs. Malgré ce qu'il a vécu, son amour pour les humains ne lui fera jamais défaut. Quelques mois plus tard, Maddie, une autre lévrier trouvée dans les rues de Séville atterrit chez Galgos en Familia à Malaga. Cette petite chienne noir et blanc au nez trop long met beaucoup de temps avant d'approcher les bénévoles chargés de réhabiliter les chiens abandonnés de la région. Après de longs mois d'attente, Maddie et Nicolas quittent finalement la chaleur de l'Espagne pour entamer leur nouvelle vie au Canada.


Nobles mais éprouvés


Autrefois, les galgos étaient des chiens rares et convoités par la noblesse espagnole. Aujourd'hui, de nombreux chasseurs, les galgueros, les utilisent pour la chasse au lièvre, une vieille tradition encore très populaire en Espagne, qui a lieu d'octobre à février.


Pendant cette courte période, les chasseurs peuvent collectionner les galgos par dizaines en espérant trouver le grand champion. Mais champion ou pas, les chiens sont souvent à peine nourris et gardés dans de petits espaces sombres. C'est que selon leurs croyances, un chien affamé serait beaucoup plus tenté d'attraper une proie.


Une fois la saison terminée, les galgueros se débarrassent de leurs galgos les moins performants, parfois en les abandonnant à la fourrière, en les délaissant dans un champ attaché à un arbre ou en les tuant carrément. Les meilleurs candidats sont gardés pour la reproduction ou, s'ils sont chanceux, une seconde saison de chasse. Selon un article du National Geographic, on estime que 100 000 chiens de chasse seraient tués chaque année en Espagne. Il suffit de suivre quelques pages Facebook des différents refuges espagnols pour constater que ces histoires d'horreur sont bel et bien réelles.


Semblables aux lévriers qui font la course au leurre en Angleterre et aux États-Unis, les galgos ont une carrure fine et une grande endurance. Tout comme les lévriers à la retraite, les galgos aiment beaucoup dormir, jusqu'à 18 heures par jour la plupart du temps. Pour en avoir rencontré plusieurs, ce sont généralement des chiens calmes, affectueux, joueurs et heureux avec leurs humains. D'autres, marqués par leur passé, peuvent mettre plusieurs mois, voire des années, avant d'être à l'aise dans leur famille.


De l'Espagne au Canada


De nombreuses organisations travaillent d'arrache-pied en Espagne pour sauver le plus de chiens possible. Des associations comme Scooby, qui couvre surtout le nord du pays, peuvent accueillir jusqu'à 500 chiens par refuge après la saison de la chasse. D'autres, comme La Guarida, vivent un problème semblable au sud. Avec une telle surpopulation, les bénévoles n'ont d'autre choix que de se tourner vers d'autres pays pour trouver des adoptants.


Heureusement, l'Espagne est aidée par de nombreuses organisations en Italie, en France, en Belgique, aux États-Unis et au Canada. L'organisation Greyhounds Pets of Atlantic Canada travaille avec des organisations comme Scooby Medina et Podenco Friends pour soutenir l'adoption dans les Maritimes. À Montréal, le groupe Extraordinary Galgos and Podencos a fait adopter, depuis 2016, plus d'une centaine de chiens au Québec, mais aussi au Manitoba et en Colombie-Britannique. C'est d'ailleurs grâce à cette organisation que Maddie et Nicolas peuvent maintenant profiter de leur nouvelle vie et réchauffer notre divan préféré 18 heures par jour.


Pour en savoir plus sur les galgos


À voir : le documentaire Yo Galgo de Yeray Lopez Portillo
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=d1JCf7wsN8Q
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt7763028/


Crédits photos:
(En couverture) : Vanessa Côté-Courtemanche
(À l'aéroport) : Sabrina Michaliszyn
(À Montréal) : Emeric Séguin

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