À LA MÉMOIRE DE NELLIE

5 août 2019

On passe une décennie, parfois plus, avec nos animaux de compagnie. Mais ce qu’ils nous lèguent, ils nous le donnent pour la vie.


Quand Nellie est arrivée dans sa famille, le chien Willie venait de rendre l’âme. Les enfants de la famille, Juliette et Félix, avaient 8 et 11 ans. Le petit Félix avait semblé inconsolable. C’est pourquoi la maman, Marie-Josée, est arrivée avec la petite braque allemande.


« En 30 ans de vie commune, c’est la seule décision que j’ai prise de manière unilatérale… et à l’encontre du désir de mon chum, qui ne voulait plus de chien! Je l’ai fait pour notre famille — je trouvais la maison beaucoup trop calme, limite morose, sans cette énergie qui émane d’un chien. J’ai surtout posé ce geste pour mon fils ; je savais qu’il en avait besoin. »


Juliette et Nellie profitent d’une promenade en bateau.


Nellie n’a pas été le chien le plus sage qui soit. Elle en a mangé, des rôtis du dimanche et des gâteaux d’anniversaire. Elle a dégusté des pizzas de toutes tailles, des boîtes complètes de chocolat, faisant fi des dangers réels d’en mourir. Elle a avalé des kilos de fromage et de multiples ceintures de cuir… toujours celles du papa, qui lui semblaient les meilleures, allez savoir pourquoi! La chienne dévorait tout, mais elle aimait particulièrement les tomates cerises. Elle en a avalé une quantité industrielle au cours de sa vie.


Malgré les frasques de la bête, Marie-Josée et ses enfants ont toujours défendu avec passion leur Nellie, au grand dam de Pierre, à cheval entre l’agacement et l’exaspération totale devant ce cabot qui semblait se faire un devoir de tester la patience de sa chère famille.


Le chien de la famille se rafraîchit dans le lac.


Surnommée la pêcheuse de roches, Nellie pouvait passer des heures au chalet, à plonger la tête sous l’eau pour attraper d’énormes cailloux qu’elle déposait, fière de son butin, au bout du quai. Quand Marie-Josée partait en voyage, Nellie se lovait désespérément dans sa valise ouverte laissée sur le plancher, pensant sans doute se faire oublier et ainsi ne pas être séparée.



Au bout d’une vie drôlement remplie, la brave Nellie s’est éteinte l’an dernier. Elle avait 11 ans. Onze années de ville, de campagne, de randonnées en montagne, et de caresses de trois Pawsies qui l’aimaient inconditionnellement. Marie-Josée, qui a l’habitude d’alimenter sa page Facebook d’événements importants, n’a dit mot du décès de sa chienne. C’était trop. Elle a vécu sa peine sobrement, en famille, et en silence.


Un après-midi, vers la fin de l’été, Juliette a téléphoné à sa mère au bureau.


– Maman! Il faut que tu voies ça! Papa a trouvé quelque chose d’incroyable dans le jardin!


Tout au fond du terrain, dans le « petit coin » de Nellie, poussait tranquillement… un plant de tomates! Mais, plus surprenant encore, Juliette observait son père, affairé à protéger son précieux plant contre les attaques des ratons et des écureuils.


Nellie, âgée, regarde la forêt depuis la rive.


Les romantiques diront que la vie est un cycle. Raôul Duguay et les philosophes qui l’ont précédé diraient que « toute est dans toute ». La famille, elle, ne dit mot. Ce plant de tomates, jalousement protégé, en dit bien assez long.


R.I.P. Nellie


Votre animal vous a quitté et vous aimeriez honorer sa vie? Écrivez-nous! Un Pawsie à la plume aiguisée pourrait vous choisir et raconter votre histoire.



Photos : Collection personnelle
Couverture : La pêcheuse montre fièrement ses prises de la journée.

Panier

Votre panier est vide.