La fois où j'ai perdu mon chat

J'ai juste ouvert la porte pour prendre le courrier, et Bagheera s'est fait la malle. À -20 °C. Le cauchemar commençait. Mon chum et moi nous sommes précipités à  l'extérieur en hurlant son nom. Le chat était terrorisé. Apparemment, il faut rester calme, ne pas courir et l'appeler d'une voix douce… Big fail. On l'a vu disparaître au coin de la rue alors qu'on criait encore. Puis, il est resté introuvable.

Pendant 19 jours. Les jours les plus longs de ma vie.

On a suivi tous les conseils recommandés quand ce genre de drame arrive.

• On a sorti tous ses objets personnels sur le balcon, incluant sa litière et quelques-uns de nos vêtements non lavés. Il paraît qu'un chat peut discerner les odeurs familières jusqu'à  un kilomètre. On n'a pas lésiné!
• On a aussi sorti l'arbre à  chats, tant qu'à  y être.
• On lui a mis un bol de nourriture.
• On l'a appelé tôt le matin et tard le soir, en agitant son sac de friandises préférées.
• On a cherché derrière les escaliers, près des bouches de chaleur, sous les balcons.
• On a téléphoné à  la SPCA, au Berger blanc et aux autres refuges tous les jours.
• On a fait faire 400 (!) affiches avec photo couleur qu'on a plastifiées. Petit conseil : 150, c'est amplement suffisant.
• On a mis sa photo de chat perdu sur tous les kijiji et groupes Facebook de ce monde.

AnimALERTE

Si on est chanceux, l'animal revient de lui-même après une ou deux journées. Ça n'a pas été le cas de Bagheera. On a donc fait appel à  l'entreprise Sauvetage Animal Rescue, qui offre un service de recherche pour les membres au Québec. Le 3 mars dernier, une équipe de six personnes a distribué 1 200 feuillets aux voisins et aux passants, a cherché Bagheera dans les rues et ruelles avoisinantes, a diffusé l'alerte sur les réseaux sociaux, a appelé les vétérinaires de la région, a parlé aux commerçants près de chez nous... Ce service n'est pas gratuit, mais on voulait mettre toutes les chances de notre côté.

Puis on a laissé le temps faire son œuvre. C'est le plus difficile. Selon ma Fitbit, je suis passée de 1 082 à  15 983 pas par jour! On a tout de même été étonnés par la gentillesse des gens. Tout le monde, les voisins comme les caissiers des commerces du coin nous demandaient des nouvelles. Vraiment réconfortant!

Le retour du chat perdu

Finalement, 13 longues journées plus tard, un voisin est venu sonner. Il avait aperçu un chat noir sur son balcon. Mon chum, sorti tout de suite, a eu le temps de voir le chat et son collier bleu. Les chances que ce soit Bagheera étaient grandes. Mais il y avait tellement de neige que le balcon sous lequel il s'était caché était inaccessible.

Il a fallu installer une cage trappe contenant de la bouffe et attendre pendant DEUX jours que monsieur daigne se montrer pour manger. Une amie experte trappeuse est venue me tenir compagnie le dimanche parce que je frôlais la crise d'hystérie. Savoir mon chat tout près, mais ne pas être capable d'aller le chercher a été une véritable torture.

Mon amie est partie vers 19 h 30, en me disant de rentrer chez moi me reposer, mais d'aller vérifier la cage aux demi-heures. À 20 h, mon chum est allé voir. Il est revenu et m'a dit : « Chantal, c'est fini. On l'a. » J'ai pleuré ma vie. On a une photo de nous prise juste après le retour de Bagheera. Des trois, on dirait que c'est moi qui ai passé 19 jours dehors tellement j'ai le visage défait!

En pleine forme

Bagheera a gardé peu de séquelles de sa cavale hivernale. Il était amaigri, ses coussinets ont un peu souffert du froid, ainsi que ses oreilles. Mais il est resté le même Bagheera qu'avant son aventure : aussi tannant, aussi distrayant, aussi joyeux, aussi cool. Il s'est dirigé vers son bol de nourriture dès qu'il est sorti de la cage, puis est allé se coucher dans son panier. That's it! Il était de retour.

Morale de cette histoire? Ne désespérez jamais. Et parlez-en autour de vous. Vos voisins sont vos meilleurs alliés. Mon chum et moi, on songe même à  faire un party de ruelle avec les nôtres cet été en l'honneur de Bagheera, désormais le chat le plus célèbre du quartier.

Crédit photos : doublehashtag