La cour arrière de mon appartement

13 novembre 2019

Irresponsable d'adopter un gros chien quand on vit dans un 4 et demie? Pas pour Vincent, qui élève depuis 3 ans son immense malamute dans un tel logement. Sauf que leur cour arrière est sans frontière.


Vincent rêvait depuis longtemps de partager sa vie avec un loup blanc. Originaire de Nouvelle-Calédonie, le jeune homme vivait en Australie lorsqu'il a visionné pour la première fois le film Princesse Mononoké. Vous savez, ce film qui met en vedette une princesse guerrière et une déesse louve dans un passé légendaire où l'équilibre entre le monde sauvage et la civilisation est à la fois précaire et immuable.


À Lachine, Okuri le malamute vit entre ville et nature. Tôt le matin, il se promène avec son humain le long du fleuve dans un paysage ouvert, lumineux. Le samedi, il part en forêt avec une meute de copains dont les maîtres aiment socialiser. Il y a Zara, une chienne braque d'un an à peine au regard expressif qui bondit entre les arbres à une vitesse impressionnante. Il y a aussi Copper, un chiot bouledogue français qui suit vaillamment.


Okuri en randonné dans les Adirondacks, NY.


Okuri n'est pas le plus agité. On pourrait s'attendre à ce qu'il s'élance comme un fou dès qu'on lui retire sa laisse. Pourtant, c'est l'un des plus calmes du groupe. On sent bien qu'il n'attend pas désespérément ces instants de liberté. On les lui permet régulièrement. Il fait confiance à Vincent, et Vincent le lui rend bien. Dès qu'ils en ont l'occasion, ils partent en montagne, dans les Adirondacks ou ailleurs. Vincent a un projet photo et un compte Instagram dédié à Okuri et aux paysages grandioses dans lesquels évolue le chien.


Bien sûr, Vincent impose plusieurs limites à son chien. Un encadrement qui permet à Okuri de comprendre les balises de son monde. Vincent considère que c'est ce qui le rend heureux; un bon mélange d'autorité, de régularité, de tâches à accomplir et de récompenses à recevoir. Et quelques accommodements, comme une bonne clim et un approvisionnement constant en glaçons durant l'été.


Okuri et sa famille au bord d'une rivière durant l'ascension du Mont Nicol-Albert en Gaspésie, QC.


Le nom Okuri provient d'une légende japonaise. Un loup blanc vient en aide aux voyageurs perdus. Il leur montre le chemin, mais si les marcheurs tombent ou se laissent gagner par le désespoir, l'okuri se transforme en bête noire et les dévore.


Vincent et Okuri forment un duo similaire, quoique beaucoup moins dramatique. Son chien est son meilleur ami. Et Vincent sait bien que s'il n'en prend pas soin, Okuri peut devenir difficile. Avant sa venue, il s'est renseigné et a beaucoup lu sur le sujet. Il a compris l'investissement que l'animal allait représenter. Il a même dû convaincre l'éleveur de lui confier le chiot, puisque cette race est réputée pour son besoin d'espace et d'exercice. Et même si la cohabitation quotidienne pose certains défis — comme sortir pour une heure complète en hiver à -30 °C aux premières lueurs du matin — Vincent ne regrette rien. En fin de compte, leur bonheur à tous les deux n'a rien à voir avec le nombre de pieds carrés de leur logement. Il est fait de dévouement, de respect, d'amitié et de roulades dans la neige, tout simplement.


Photo de couverture: Okuri se repose au Parc Forillon en Gaspésie, QC


Photos: @whitewolf_photos

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