Je suis bi (et je m'en porte bien) !

7 juin 2019

« On ne naît pas bi, on le devient », pourrait-on dire si on osait détourner les paroles de Simone de Beauvoir… En attendant, voici les confidences d'un gars qui aime tout autant les chiens que les chats.


J'aime les chats et les chiens. J'ai d'ailleurs vécu une année de rêve avec les deux espèces. J'étais à la campagne, au bord d'une rivière, alors que Perlo et Souris se partageaient le jardin, le canapé… et mon affection ! Ce labrador mâtiné de chow-chow et cette chatte espagnole m'ont appris que l'amour des bêtes, ces mal-nommées, ne se divise pas, mais qu'il se multiplie.


Pour des raisons pratiques (comme chien et chat, ça vous dit quelque chose ?), nous sommes peu nombreux à vivre avec les deux dans la même maison. Pourtant, ce type de ménagerie existe dans 13 % des foyers canadiens.


Né d'une mère qui aimait les chats et d'un père qui aimait les chiens, j'ai été élevé avec des matous. Rempart, un bouvier des Flandres doux comme un agneau, a été mon seul chien de petit garçon. Hélas, il est parti trop vite. Plus tard, j'ai partagé un appartement grand comme une litière avec Chatte, une princesse de ruelle aux yeux verts perçants. Malgré son caractère despotique, elle est venue me chercher pour accoucher de ses quatre chatons dans la boîte capitonnée que j'avais préparée pour l'occasion.


Aujourd'hui, des années après la parenthèse « Perlo et Souris », je vis avec Atom du Val de Chauffour, un teckel à poil dur qui répond surtout au surnom de “Nono”. J'ai toujours une tendresse infinie pour les félins, mais il m'est impossible d'imaginer une cohabitation pacifique entre mon colosse de 22 livres et un chat qu'il considérerait, je le sais, comme du gibier.


On trouve pourtant les deux espèces sous 32 % des toits américains. Par exemple, Clinton et W. Bush ont tous deux eu un chat et un chien à la Maison-Blanche. S'ils étaient « bi » durant leur présidence, était-ce par calcul politique ou simplement parce que chaque race répond à des besoins aussi distincts que complémentaires ?


S'appuyant sur des sondages (qui valent ce qu'en disent les sondés), des chercheurs de tout poil ont étudié les différences entre les maîtres d'un chien et les domestiques d'un chat — mais aucune étude sur les propriétaires d'animaux « bi ». Les premiers seraient plus extravertis et moins névrosés et les seconds, plus sensibles et plus ouverts aux nouvelles expériences. Jamais très loin de la caricature, ces conclusions pseudo-scientifiques associent à chaque type de propriétaires des qualités attribuées, à tort ou à raison, au masculin et au féminin. En gros, les hommes préfèrent les chiens pour leur caractère social, leur force et leur fidélité, et les femmes, les chats en raison de leur caractère intime, leur élégance et leur indépendance. Au-delà du relent de sexisme qu'elle évoque, cette hypothèse douteuse dénie l'individualité de chaque animal et la complexité du lien qui les unit avec leur humain.


Combien de fois ai-je entendu Nono ronronner d'aise ? Quels moments de pure joie ai-je passé à jouer à la balle avec Chatte, partie sur le sentier de la guerre ! Ah, si seulement je pouvais retrouver le bonheur sans nom de somnoler auprès des deux dans une même vie, comme au temps d'un Perlo ronflant et d'une Souris alanguie.


S'il est vrai que nos animaux en disent long sur nous, que signifie un amour égal pour les chiens et les chats? Serait-ce l'expression d'une nécessaire réconciliation entre le féminin et le masculin qui nous habitent? Vivre avec un chien et un chat, c'est allier le meilleur des deux mondes pour n'en faire qu'un seul, un genre de «polyamour animalier». Il faut absolument que j'en parle à Nono…

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