Tous les samedis, câest la fête au B.C. Childrenâs Hospital, à Vancouver. Emily, une splendide bouvier bernois, et son maître Christopher Ness viennent réconforter les jeunes patients. « Emily est bienveillante envers les plus fragiles : les chiots, les enfants, les personnes âgées, souligne Christopher, avocat à Richmond près de Vancouver. Dans ses yeux, je ne vois que de lâamour pur, inconditionnel. »
La bonté dâEmily est dâautant plus exceptionnelle que ses premières années ont été éprouvantes. La chienne, aujourdâhui âgée de cinq ans, fait partie des 66 victimes dâune usine à chiots, sauvées par la SPCA à Langley, en Colombie-Britannique, en février 2016.
Une vision dâhorreur
Les bêtes, pour la plupart malades, vivaient entassées dans des cages et baignaient dans leur urine et leurs excréments. Certaines étaient souffrantes au point dâavoir une patte cassée ou une oreille ou un Åil manquants. « Je me souviens dâune vieille chienne, Fanny Rae, se rappelle Christopher qui était bénévole à la SPCA lors de la saisie. Elle avait 12 ans et elle avait eu des portées sans relâche. Elle semblait à peine vivante quand je lâai vue. »
Emily, elle, nâavait que la peau et les os et marchait à pas de tortue, raconte son maître. Ses dents étaient usées à force de ronger du bois ou du métal. Le pire, câest quâelle était en meilleur état que dâautres, car elle nâétait âgée que dâenviron deux ans et nâavait pas passé sa vie à mettre bas.
« Emily était très craintive, mais elle aimait lâattention et cherchait même lâaffection des humains, poursuit Christopher. Comme je souhaitais adopter un chien que je pourrais amener tous les jours au travail, Emily mâa semblé tout de suite la bonne candidate. Je lâavais promenée et je savais combien elle était douce. La SPCA nous avait quand même prévenus, les familles dâadoption, que ceux-ci ne seraient jamais tout à fait normaux, quâils auraient toujours besoin de soins spéciaux. »
Dans le cas dâEmily, lâavenir sâest avéré plus lumineux que prévu même si la remontée a été longue.
La lumière au bout du tunnel
« Au début, elle était incapable de boire ni de manger si jâétais dans la même pièce, se souvient son maître. Il suffisait que jâesquisse un geste pour la flatter ou que je prenne un objet dans ma main pour quâelle recule, horrifiée. Ãa lui a pris des mois avant de ne plus tressaillir au moindre mouvement, au moindre son. Quand un être a souffert, on a tendance à le surprotéger, alors quâil faut plutôt lâencourager. Si Emily était surprise par un bruit, par exemple, je devais faire comme si tout était normal et non me précipiter sur elle pour la rassurer. Il fallait quâelle comprenne que jâétais là , mais quâil nây avait pas de danger. Peu à peu, elle a appris à faire confiance puis elle a gagné en assurance. »
Certaines situations étaient drôles. « Au début, elle mâobservait sans cesse, car elle voulait à tout prix me faire plaisir. Elle avait saisi que jâaimais quand elle sâassoyait sagement devant moi. Alors sur la rue, quand nous marchions, elle avançait puis sâassoyait toutes les cinq secondes, raconte Christopher en riant. Après quoi elle me regardait, lâair de dire : âje suis une bonne fille, hein ?â » Il a fallu du temps avant quâon fasse une vraie longue promenade. »
Si lâamour et la patience ont guéri les blessures dâEmily, ces vertus ont aussi contribué à ressusciter les 65 autres chiens de Langley. « Jâai revu quelques fois les victimes avec leurs familles, raconte Christopher Ness. Quelques chiens ont gardé des séquelles et sont demeurés peureux, mais je nâen reviens pas de voir comment la plupart se portent relativement bien. Lâan dernier, jâai même vu Fanny Rae courir ! Elle a commencé à faire de la zoothérapie comme Emily. Les chiens peuvent être résilients, câest inouï. »
Photo de couverture : Emily
Photo #1 : Emily
Photo #2 : Emily à sa première fois dans un magasin pour animaux de compagnie
Photo #3 : Emily et Chris à sa première fois à la plage