Emily : de victime à chien de thérapie

23 juillet 2019

Après avoir pâti dans une usine à chiots, Emily rend maintenant le sourire aux enfants malades.


Tous les samedis, c’est la fête au B.C. Children’s Hospital, à Vancouver. Emily, une splendide bouvier bernois, et son maître Christopher Ness viennent réconforter les jeunes patients. « Emily est bienveillante envers les plus fragiles : les chiots, les enfants, les personnes âgées, souligne Christopher, avocat à Richmond près de Vancouver. Dans ses yeux, je ne vois que de l’amour pur, inconditionnel. »



La bonté d’Emily est d’autant plus exceptionnelle que ses premières années ont été éprouvantes. La chienne, aujourd’hui âgée de cinq ans, fait partie des 66 victimes d’une usine à chiots, sauvées par la SPCA à Langley, en Colombie-Britannique, en février 2016.


Une vision d’horreur



Les bêtes, pour la plupart malades, vivaient entassées dans des cages et baignaient dans leur urine et leurs excréments. Certaines étaient souffrantes au point d’avoir une patte cassée ou une oreille ou un œil manquants. « Je me souviens d’une vieille chienne, Fanny Rae, se rappelle Christopher qui était bénévole à la SPCA lors de la saisie. Elle avait 12 ans et elle avait eu des portées sans relâche. Elle semblait à peine vivante quand je l’ai vue. »



Emily, elle, n’avait que la peau et les os et marchait à pas de tortue, raconte son maître. Ses dents étaient usées à force de ronger du bois ou du métal. Le pire, c’est qu’elle était en meilleur état que d’autres, car elle n’était âgée que d’environ deux ans et n’avait pas passé sa vie à mettre bas.


« Emily était très craintive, mais elle aimait l’attention et cherchait même l’affection des humains, poursuit Christopher. Comme je souhaitais adopter un chien que je pourrais amener tous les jours au travail, Emily m’a semblé tout de suite la bonne candidate. Je l’avais promenée et je savais combien elle était douce. La SPCA nous avait quand même prévenus, les familles d’adoption, que ceux-ci ne seraient jamais tout à fait normaux, qu’ils auraient toujours besoin de soins spéciaux. »



Dans le cas d’Emily, l’avenir s’est avéré plus lumineux que prévu même si la remontée a été longue.


La lumière au bout du tunnel



« Au début, elle était incapable de boire ni de manger si j’étais dans la même pièce, se souvient son maître. Il suffisait que j’esquisse un geste pour la flatter ou que je prenne un objet dans ma main pour qu’elle recule, horrifiée. Ça lui a pris des mois avant de ne plus tressaillir au moindre mouvement, au moindre son. Quand un être a souffert, on a tendance à le surprotéger, alors qu’il faut plutôt l’encourager. Si Emily était surprise par un bruit, par exemple, je devais faire comme si tout était normal et non me précipiter sur elle pour la rassurer. Il fallait qu’elle comprenne que j’étais là, mais qu’il n’y avait pas de danger. Peu à peu, elle a appris à faire confiance puis elle a gagné en assurance. »



Certaines situations étaient drôles. « Au début, elle m’observait sans cesse, car elle voulait à tout prix me faire plaisir. Elle avait saisi que j’aimais quand elle s’assoyait sagement devant moi. Alors sur la rue, quand nous marchions, elle avançait puis s’assoyait toutes les cinq secondes, raconte Christopher en riant. Après quoi elle me regardait, l’air de dire : “je suis une bonne fille, hein ?” » Il a fallu du temps avant qu’on fasse une vraie longue promenade. »



Si l’amour et la patience ont guéri les blessures d’Emily, ces vertus ont aussi contribué à ressusciter les 65 autres chiens de Langley. « J’ai revu quelques fois les victimes avec leurs familles, raconte Christopher Ness. Quelques chiens ont gardé des séquelles et sont demeurés peureux, mais je n’en reviens pas de voir comment la plupart se portent relativement bien. L’an dernier, j’ai même vu Fanny Rae courir ! Elle a commencé à faire de la zoothérapie comme Emily. Les chiens peuvent être résilients, c’est inouï. »


Photo de couverture : Emily


Photo #1 : Emily


Photo #2 : Emily à sa première fois dans un magasin pour animaux de compagnie


Photo #3 : Emily et Chris à sa première fois à la plage

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