Chiens de famille

8 mai 2023

Une famille. Trois époques. Trois chiennes. Moments croqués au cœur d'un foyer de Pawsies dans l'âme.


Chiens de famille


Une famille. Trois époques. Trois chiennes. Moments croqués au cœur d’un foyer de Pawsies dans l’âme.


Par Marise Duquette


Anne-Marie avait grandi entourée d’animaux ; pas Alain. Lorsqu’ils se sont rencontrés, elle a mis les choses au clair : en fondant leur famille, ils auraient des chats ou des chiens. Après avoir aménagé avec des chats, ils ont eu deux garçons, Jérôme et Jérémie. Ils ont alors voulu un chien familial. C’est à ce moment qu’ils ont adopté Princesse, une labrador-terre-neuve de 73 kilos qui est restée avec la famille pendant environ cinq ans. Mais cette étoile filante avait mauvais caractère et le couple avait peur pour les enfants. C’est avec regret qu’ils ont dû s’en séparer.


Naka, le 5e membre de la famille


Le couple a de nouveau tenté sa chance. Un éleveur leur a proposé Naka, une braque allemande qui a choisi ses maîtres en posant sa tête sur la cuisse d’Alain. Ils ne savaient pas encore à quel point cette chienne allait marquer leurs vies. Elle n’était pas un animal ordinaire, mais une chienne avec une grande âme, avec un côté presque humain. Souvent, Anne-Marie a trouvé ses garçons, encore jeunes, assoupis dans sa cage.


Alain évoque avec émotion le jour où il s’est perdu dans le bois avec Naka, sans eau ni cellulaire. Pour tromper la panique, il se souvient avoir « discuté » avec la patiente chienne en marchant sans savoir où il allait. Tous deux ont erré pendant des heures dans un petit chemin sinueux. Lorsqu’enfin ils ont croisé une route et une voiture qui les a ramenés à bon port, ils se trouvaient à 14 km de leur destination. Une épreuve qui les a rapprochés.


Éventuellement, les enfants sont devenus grands et ont quitté le nid. Naka, elle, était toujours là. Mais un soir d’hiver, l’an dernier, elle s’est levée de son coussin et a subitement manqué de tonus. Le lendemain, elle était partie, de façon aussi fulgurante qu’elle était entrée dans leurs vies, comme pour éviter de leur faire trop de peine. Trois jours plus tard, elle aurait eu 17 ans. Presque le temps de toute une vie, pour Jérôme et Jérémie.


C’était un gros morceau qui venait de partir. Comme si, en mourant, elle avait emporté avec elle tous les souvenirs rattachés aux enfants encore petits, aux étés de camping, aux soirées de cinéparc en famille, aux batailles d’oreillers, aux matins de Noël et aux petits-déjeuners au lit. Le soir, lorsqu’Anne-Marie rentrait dans une maison froide et sombre, sans enfants ni chien à la queue agitée, elle avait un pincement au cœur, toujours le même, qu’elle n’arrivait pas à apprivoiser.


Kaya, la dernière-née


Le couple s’est alors lancé dans différents projets pour se changer les idées. Nouvelle maison, grosses rénovations, voyage en Espagne. L’idée d’adopter un autre chien hantait Anne-Marie, mais Alain refusait, prétextant vouloir profiter de leur liberté retrouvée. Mais croire qu’elle accepterait un refus aussi facilement aurait été bien mal connaître cette femme tenace. Prête à tout pour atteindre son objectif, Anne-Marie poursuivait ses recherches auprès des éleveurs. Quand elle a vu Kaya, elle a compris que leurs destins étaient liés. À tel point qu’elle lui a acheté un collier rose en cachette… et qu’elle a boudé son mari, jusqu’à ce qu’il accepte de faire plusieurs heures de route pour aller voir le chiot. Sur place, Anne-Marie a lancé un regard espiègle à son mari en sortant le collier de son sac.


Désormais, au retour du travail, Anne-Marie et Kaya entreprennent ces longues balades qui les gardent actives. Les enfants, qui reviennent souvent au bercail, sont très impliqués avec le nouveau chiot. Encore aujourd’hui, évoquer Naka implique son lot de peine. Tous savent que Kaya ne la remplacera jamais. Elle a une place différente, mais tout aussi précieuse. Avec le temps, ils se créeront de nouveaux souvenirs. Le couple ne peut s’empêcher de penser qu’elle s’entendra parfaitement avec leurs petits-enfants. Quant aux garçons, ils n’attendent que le bon moment pour perpétuer la tradition et adopter à leur tour. La roue tourne.


Photo de couverture : Alain, Anne-Marie et leurs fils, Jérémie et Jérôme, avec la jeune Kaya

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