Depuis 2016, Sundae est l'un des deux chiens à l'emploi de la Sûreté du Québec. Son travail consiste à assister les enquêteurs d'escouades spécialisées et ceux des MRC lors d'entrevues avec des enfants ou des adultes qui ont vécu un traumatisme. De plus, elle accompagne les victimes lorsqu'elles doivent témoigner au palais de justice. « On intervient surtout pour des crimes majeurs ou à caractère sexuel », indique son maître – et collègue ! – Gilbert Lemelin, enquêteur en soutien aux victimes.
La labernoise de trois ans et demi a complété la même formation de la Fondation Mira que celle suivie par les chiens d'assistance pour les jeunes présentant un trouble du spectre de l'autisme. Elle a été choisie pour le poste d'enquêteur, notamment pour son calme et sa docilité. « Les témoignages peuvent durer plusieurs heures. Sundae doit être présente en salle d'audience et demeurer immobile pendant tout ce temps », explique Gilbert Lemelin. Le rôle de la chienne est principalement de réconforter les victimes et, parfois, sa seule présence permet d'assurer leur témoignage.
Une présence qui change tout
L'enquêteur évoque le cas d'une adolescente victime d'agression sexuelle qui, lors de sa première visite au palais de justice, avait dû repartir en ambulance sous le poids de l'anxiété. Lorsqu'elle est revenue pour une seconde audience, la présence de la chienne a changé la donne. « En arrivant dans le bureau du procureur, la jeune fille s'est tout de suite accroupie pour flatter Sundae. Ce jour-là , elle a rendu un témoignage solide », se souvient-il.
Gilbert Lemelin et Sundae forment une équipe fort remarquée dans leur milieu de travail. Les deux « policiers » sont basés à Québec, mais ils couvrent la province en entier, incluant les communautés du Grand Nord. « Nos journées sont très variées : on peut être en déplacement, travailler au bureau, assister à une entrevue ou à un procès », poursuit-il.
Une grande discipline
Lorsqu'elle est au poste de police ou au palais de justice, la chienne n'a pas le droit d'interagir avec ses collègues ou de recevoir les caresses des passants. Toute son attention doit être dirigée vers un seul individu: la victime. Gilbert Lemelin lui indique la personne qu'elle doit assister par une commande verbale, mais bien souvent, la chienne comprend par elle-même qui elle doit aider. Bien qu'il s'agisse d'une bête très disciplinée, elle devient enjouée et affectueuse dès qu'elle assiste quelqu'un, n'hésitant pas à mettre sa patte sur la cuisse de la personne et, parfois, à lui donner des coups de langue. Aucun doute qu'elle aime son travail !
Une chienne heureuse
Une fois à la maison, Sundae est un chien comme un autre qui aime jouer avec les membres de sa famille et avec les visiteurs. Il est toutefois interdit de lui lancer une balle : « Certains témoins apportent une balle antistress dans la salle d'audience. On ne voudrait pas qu'ils l'échappent et que la chienne se précipite pour l'attraper ! »
Même si Sundae appartient à la Sûreté du Québec, Gilbert Lemelin la considère comme sa propre chienne. « Elle est en quasi-permanence avec moi, que ce soit au travail ou à la maison, au point de devenir une extension de moi-même. Je lui parle souvent, même si je ne m'attends pas à ce qu'elle me réponde », lance l'enquêteur en riant.
Le milieu policier étant plutôt conservateur, il a d'abord fallu convaincre bien des gens que la présence de la chienne était bénéfique pour les victimes, ce qui a représenté « un beau défi » pour l'enquêteur. Mais le jeu en valait la chandelle, si on en croit les témoignages des principaux intéressés. Comme cette lettre d'un garçon, reçue récemment. Il a écrit aux policiers pour raconter que son passage au palais de justice aurait sans doute été beaucoup plus difficile sans l'accompagnement de Sundae. Sans compter que, pour Gilbert Lemelin, compter sur une collègue comme elle : « c'est carrément du bonheur ! »
Gilbert Lemelin et Sundae
Crédit photo : Sûreté du Québec