Adoption : La tendance est aux vieux!

14 janvier 2020

Beaucoup de chiens âgés croupissent tristement dans les refuges, abandonnés. Mais la tendance à adopter de vieux toutous serait à la hausse.


Foxy avait près de 15 ans quand elle est arrivée dans notre vie. Mélange de berger et de dalmatien, elle avait été jetée à la rue par ses maîtres avait erré plusieurs jours avant d'être amenée dans un refuge. Elle était sourde comme un pot et à moitié aveugle, mais ça ne nous a pas empêchés, mon chum et moi, de l'adopter. En l'espace de trois jours, elle avait tout compris : où manger, où dormir, où faire ses besoins dans la cour... Ragaillardie par nos bons soins, elle s'est même mise à gambader comme une antilope. Foxy était une vieille sage dont la joie de vivre nous aura ébloui jusqu'à la fin.


Demandez aux gens qui ont adopté un vieux chien abandonné : tous répéteraient l'expérience. D'abord, un doyen est moins exigeant qu'un chiot. Et comme il a vu neiger, il sait généralement comment se comporter dans une maison.


«Lorsque nous avons adopté Kate, un mélange de rottweiler et de doberman, elle avait huit ans, raconte Marilyn Gelfand, bénévole pour la SPCA et Gerdy's Rescues and Adoptions, à Montréal. Dans sa cage, au refuge, elle était déchaînée, mais quand elle est arrivée chez nous, elle s'est roulée en boule sur son coussin en poussant un soupir, l'air de dire : "j'ai trouvé ma maison!", et elle a ronflé toute la journée!»


De nombreux avantages
Évidemment, les chiens mal socialisés ou au lourd passé exigent savoir-faire et patience, mais normalement, «avec un chien âgé, on peut s'absenter du foyer sans craindre qu'il détruise tout, affirme Helen Lacroix, fondatrice d'Animatch, un organisme d'adoption de l'ouest de Montréal. Même si certains sont en forme, ils n'ont pas besoin de courir cinq kilomètres par jour. Et puis c'est faux d'affirmer qu'à leur âge on ne peut plus rien leur apprendre.» Au cours d'une expérience réalisée l'an dernier pour une étude de l'Université de médecine vétérinaire à Vienne, tous les chiens, peu importe leur âge, ont appris aussi vite à toucher un cercle sur un écran tactile afin d'obtenir une gâterie.


Aux États-Unis, même si le taux d'adoption des vieux routiers reste inférieur à celui des chiots, les gens craquent de plus en plus pour eux, publiait le quotidien Washington Post en 2017. Preuve de cet engouement, Suzie's Senior Dogs, un OBNL qui met en valeur des museaux gris, attire plus d'un demi-million de fans sur Facebook. En février dernier, la chaîne Animal Planet diffusait son deuxième Dog Bowl en 15 ans d'existence, une joute de football mettant en vedette des toutous séniors, en plus de son populaire Puppy Bowl.


Des soins qui coûtent cher
Selon Johanne Tassé, fondatrice des Centres d'adoption d'animaux de compagnie du Québec, le décès du maître, le divorce et le déménagement dans un lieu où les animaux sont interdits figurent parmi les raisons les plus fréquentes pour abandonner un chien mature. «Et il y a les frais vétérinaires, qui sont exorbitants, dénonce Mme Tassé. Bien des gens n'ont plus les moyens de faire soigner leur animal lorsqu'il en a besoin.»


À Animatch, Mme Lacroix admet toutefois avoir plus de facilité qu'avant à faire adopter des vétérans. Elle en place environ 50 par année, comparativement à 5 ou 6 il y a 10 ans. Leurs frais d'adoption sont souvent moins élevés que pour les chiots ou les chiens d'un an ou deux. Et plusieurs refuges s'assurent de les soigner avant de les offrir en adoption.


Les gens qui choisissent un chien âgé ont un grand cœur ou veulent poser un beau geste, affirme Judy Smith, fondatrice du refuge Before The Bridge, à Stony Mountain, au Manitoba. Parfois, leur décision correspond aussi à leur mode de vie. «Une étudiante voulait adopter un chien mature parce qu'elle avait six ans d'études devant elle, et qu'elle avait ce temps-là à consacrer à un chien, raconte Judy. L'élu a connu une magnifique fin de vie et a passé de beaux moments couché à ses pieds pendant qu'elle avait le nez dans ses livres.»


Les vieux guerriers ne demandent rien de plus que d'être nourris, flattés, aimés. Et ceux dont la vie n'a pas été un long fleuve tranquille ont tendance à vivre plus longtemps que prévu. «Quand ils tombent sur une bonne famille, ils ne veulent plus partir», affirme Marilyn Gelfand, qui vit avec un bichon de 13 ans en plus de Kate, qui a aujourd'hui 9 ans.



«J'ai adopté mes teckels, Buddy et Wilson, à 9 et 11 ans, raconte Virginia Lauzon, praticienne en programmation neurolinguistique. Ils sont morts à presque 17 ans tous les deux. Ils m'ont appris que l'important n'est pas la durée mais la qualité du temps qu'on passe à aimer.»


Quant à Foxy, elle nous a montré que la vie n'est surtout pas finie parce qu'on vieillit. Souvent, elle ne fait que commencer.


Virginia a adopté Buddy et Wilson dans des refuges lorsqu'ils avaient 9 et 11 ans.


Photos : collection personnelle

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